Mardi 26 août 2 26 /08 /Août 14:21

"Les multiples vies d'Ernest"mustache-pulpV2

 

par

 

 

 

 

Patel se dévoile, donne une leçon cuisante de géographie à Ernie, et celui-ci finit moins con... et avec une initiation à la morale façon Patel en prime.

 


Episode 15 : La petite vie bien huilée de Patel.

 

Feuil-15

     Ernie trottinait à la suite de Deepal qui avançait parmi les plagistes d’un pas étrangement rapide pour quelqu’un de sa constitution, « mais alors tu es vraiment indienne… enfin, je veux dire t’es pas née ici, tu viens de là-bas ? ». Elle sourit d’un air absent, sans même lui accorder un regard, continuant de scruter les corps allongés sur les serviettes, nattes et autres paréos, « oui, comme je te l’ai dit, il y a cinq ans encore je vivais à Pondichéry ». Ernie digéra l’information avec une certaine admiration curieuse, comment diable avait-elle pu atterrir à Marseille et s’y installer, subitement le tas de barbaque dont il bourrait le fion devenait un être humain à part entière, exotique, fascinant, curieux, et digne d’intérêt.

 

     – « Tu parles drôlement bien français pour une hindoue pur sucre » fit Ernie suspicieux. Deepal pouffa de rire :

     – « T’es con ou inculte ? Pondichéry est un fief français créé par la fameuse Compagnie des Indes depuis plus de trois cents ans, on y parle français… enfin, entre autres ! »

     – « Ah… Ok… Mais Marseille, comment ça se fait que tu t’es implanté… »

     – « Jean-Louis ! » le coupa distraitement Deepal.

     – « De quoi ? » bredouilla Ernie.

     – « Mon mari ! Dis tu en penses quoi de celle-là ? » Deepal désigna d’un mouvement sec du menton une teutonne toute rose, gaulée comme une lutteuse gréco-romaine à cheveux jaunes, avec une démarcation vive sur les contours de son bikini bon marché, rose pastel sur ses énormes loches et les fesses, homard grillé sur les reste de son corps grassouillet. Elle devait avoir la vingtaine avec un sourire bovin pas très futé rehaussé d’yeux bleu pales inexpressifs. « Elle m’a l’air parfaite ! »

     L’information avait mis quelques secondes à prendre racine dans la cervelle de Ernie : « attends ! Tu veux dire que tu es mariée ? » barrit-il ulcéré. Deepal tourna vers lui un regard incrédule : « et bien oui ! Pourquoi ça te pose un problème ? » Ernie était sidéré, « m’enfin, tu l’aime pas ? Je veux dire pourquoi… je croyais que tu étais célibataire… mais bon sang… ». Elle regarda Ernie s’enliser avec l’indulgence que l’on peut avoir pour quelqu’un de totalement demeuré… de gentil, mais de totalement demeuré.

     – « Mais enfin, tu croyais quoi ? » demanda-t-elle tout en envoyant à la barrique peroxydée son sourire le plus désarmant. « Vas pas t’imaginer une romance à l’eau de rose ! Jean-Louis était célibataire, pas loin de la cinquantaine. Il avait réussi dans la restauration, il était confortablement établi sans être pété de tunes, il avait un joli petit restau, un joli petit appartement, une jolie petite harley, un joli petit compte chez l’écureuil, un joli petit ventre de propriétaire, une jolie gueule de ganache sans aucun intérêt, et un joli vide à garnir dans son lit et dans son paraître social… alors il s’est pas fait chier et a décidé de s’acheter une jolie petite épouse pour aller avec le reste. » Ernie était sans voix, Deepal sourit à nouveaux à sa proie, qui l’observait par dessus des lunettes libellules un rien intriguée. «  Alors », poursuivit-elle, « il a fait comme tous les autres bourgeois qui veulent une femme classe, exotique, qui fait bonne impression en public et qui fait pas chier : il a tapé dans les pays pauvres. Je ne te cache pas qu’habituellement c’est l’Afrique, le Brésil, la Thaïlande, les pays slaves qui ont la côte… mais l’Inde et le Pakistan sont aussi de beau vivier. Voila ! Bien… la dinde me souri en me regardant comme elle regarderait passer le train derrière sa clôture électrifié… je crois qu’on peut ferrer… oui, c’est ça ma cruche… souri bêtement, on arrive ! »

     – « Mais », demanda Ernie désarçonné, « l’amour… »

     – « Arrête tes conneries, l’amour c’est comme votre Père Noël, des niaiseries pour enfant ! Quand Jean-Louis m’a contacté via une agence foireuse, je lui ai juré le plus grand amour du monde, il est venu m’acheter au près de ma famille, je l’ai suivi en me résignant à baiser avec, éventuellement à lui planter un ou deux moutards… et finalement j’ai fait une bonne pioche, il voulait surtout un bibelot à exhiber et ne me baisait même pas ou alors une foi l’an, et moi je pouvais en retours abuser de son compte en banque, et batifoler avec qui je veux, Maîtresse Laurence en tête… comme quoi les voisines sont parfois sympas. » Deepal commença à se rapprocher bille en tête de l’étoile de mer à yeux azur, laissant un Ernie estomaqué ! « Mais putaing, Deepal, tu es un monstre ! »



     – « Merci ! » répondit-elle radieuse et enjouée, « d’abord la flatterie ne te vaudra pas de faveurs, ensuite ne vas pas t’imaginer que Jean-Louis s’est privé pour farcir les serveuses, d’ailleurs ça défile sec au restau ! »

[à suivre]

 

 

Par PulpX - Publié dans : Roman Fleuve d'Antan
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